Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 décembre 2010 7 05 /12 /décembre /2010 10:26

L’ETANG DU BRAN

LUGOS (Gironde, France)

  Afficher l'image en taille réelle

A partir d’un livre de Charles BOUCHET   édité en nombre limité en 1951

 

Philis MASTERSON veuve de CASTELTOWN, veuve de messire Thomas SULTON, Comte de CLONARD, Seigneur baron de LUGO et autres lieux « émigra » en Angleterre en 1789 et fut dépossédée

 de ses droits féodaux des 4500 hectares de la baronnie pendant la révolution.

 

L’arrêté du 14 nivôse de l’an 2 autorise Monsieur Lescure maître des Forges à construire un haut-fourneau à l’endroit du moulin banal (mole nove) de la baronnie au lieu dit « LA MOLE » et « LE BRAN ».

Ledit décret précise que « Monsieur LESCURE sera tenu d’ensemencer tous les ans, en temps convenable, en essence de bois qui lui seront indiquées, un hectare de terrain dans les vacants voisins de ses établissements qui n’en sera pas à plus d’une lieue ». Ce qu’il ne respectera pas sauf en 1808.

Les hauts prix offerts par les forges, qui, sur place achètent tous les bois ou charbons produits, vont se révéler plus efficaces que les mesures administratives. De 1792 à 1841, les surfaces boisées se sont accrues de près de 300 hectares. Soit 30% de la commune.

Les FORGES DE LUGOS sont apparemment inaugurées le 4 Janvier 1803 à la MOLE et au BRAN. En 1837 existent ces deux forges, un haut-fourneau, 2 cubilots, 4 feux d’affinerie.

  Etang du BRAN

Le  MINERAI :

Il est extrait aux alentours par chaque propriétaire foncier : la pierre d’alios et la garluche. l'alios, c’est une couche de grès ferrugineux souvent proche de la surface du sol qui dose entre 15% et 20% de fer. La garluche pierre rouge avec des trous de "gruyère" servant surtout à construire les maisons contenait un pourcentage de fer supérieur à l'alios.

En 1805 le minerai était payé de 0,15 à 0,40 fr la tonne. En 1826, il était payé 20fr la tonne, 40fr en 1841.

L’auteur relate qu’en 1840, les forges consommaient 1000 tonnes de ce minerai pour produire 250 tonnes de fonte ou de fer. En 1832 les forges ont livré à l’artillerie de TOULOUSE 1874 bombes d’une valeur de 32 414fr. Le minerai était fondu avec le charbon de bois. En 1826, les forges ont consommé 875 tonnes de charbon de bois qui nécessitaient 25 000  stères de bois, soit une centaine d’hectares de futaie résineuse.

 

La MAIN D’ŒUVRE :

 

Au début du siècle, on comptait 5 personnes par foyer. Plus tard, en 1846 BOUCHET en comptait 7 par foyer. Au BRAN, M. LESCURE avait fait construire 9 maisons pour le personnel et les familles. Plus loin dans le texte, il relate 16 forgerons habitant La MOLE et Le BRAN. Page 120, il parle d’une soixantaine de personnes habitant Le BRAN. Puis, il parle d’une vingtaine de familles, qui peuvent se procurer sur place les légumes et le vin produits par le champ et la vigne du maître des FORGES.

En 1842, la municipalité sur proposition du maire projette la création du chemin vicinal du LANOT au BRAN, « ce nouveau chemin devant faciliter le déplacement des ouvriers desforges résidant au LANOT »

 

La vie locale dépend alors du maître des Forges : Monsieur LESCURE fut en même temps maire de LUGOS de 1820 à 1870.

Le 19 Juin 1857, l’empereur NAPOLEON III promulgue la loi d’assainissement et la mise en valeur des Landes de Gascogne. Cette loi a façonné le paysage et créé les infrastructures routières d’aujourd’hui. On peut estimer de 60 à 100 paires de bœufs nécessaires pour effectuer les charrois soit du minerai, soit du bois, soit du charbon pour l’approvisionnement, et des lingots de fonte, à livrer vers BORDEAUX.

Dans le livre, il relate « 9000 attelées ». Il précise aussi : en 1855, l’HEYRE (la rivière) transportait de BELIN à LAMOTHE 1980 radeaux représentant 11700 tonnes et en 1873, 19 765 tonnes (il s’agit alors de produits forestiers).

« En 1875 les Forges éteignaient leurs fourneaux. Leur approvisionnement était tari depuis que les routes et voies ferrées permettaient d’expédier des poteaux de mines et les traverses, lesquels étaient payés plus cher que le bois jusqu’alors convertis en charbon. De plus, la couche ferrugineuse dont il avait été fait une grande consommation pour l’empierrement des routes commençait à s’épuiser.

 

Cette même année, Monsieur SALEFRAN, l’industriel forestier, succède au maître des Forges à la tête de la municipalité de LUGOS.

 

1903 : un fabricant d’électricité a équipé les deux usines qu’actionnent les chutes d’eau du BRAN et du MARTINET autrefois utilisées par les Forges. Le courant est distribué  dans les communes du canton de BELIN… sans doute l’un des premiers cantons où l’électrification rurale fut réalisée.

En 1903, pour inciter les habitants des communes de BELIN, BELIET, LUGOS, LANOT à acheter l’électricité de son usine hydro-électrique situées sur les ruines des Forges du BRAN, Monsieur FERRERE offre 2 ampoules de 50 bougies aux habitants.

 

1924 : SALEFRAN L. acquiert les vieilles usines électriques. Cette énergie transportée en 4000 volts servira pour l’usine de caisserie jusqu’en 1930, année où il se raccordera au réseau public.

 

L’eau de l’étang du BRAN est reconnue pour les différentes espèces de poissons qu’il contient. Le garde forestier privé approvisionnera régulièrement la famille SALEFRAN de ses captures. P1000747.JPG

 

En 1949, Monsieur Jean Paul SALEFRAN vend l’usine électrique  du BRAN qui produira des accumulateurs avec un seul ouvrier permanent et 2 occasionnels.

Le fermeture définitive des ateliers se fera dans les années 60.

Monsieur JACQUET ouvrira un restaurant qui fermera peu de temps après son ouverture.

En 1965, le maire fera classer le site par « les bâtiments de France » (affaires culturelles)

L’ingénieur de l’époque était particulièrement fermé voire opposé à tout projet sur l’étang du BRAN. Depuis lors, tout est resté à l’abandon.

 

Note complémentaire sur le site du BRAN par Hervé GOULAZE.

 

            En 1804, LESCURE, le fondateur et propriétaire des Forges du BRAN et de La MOLE(lieu-dit dénommé plus tard « le MARTINET ») écrit au ministre de l’intérieur afin de défendre son action. Le document est intéressant, car l’auteur y décrit assez précisément tant les travaux qu’il a fait réaliser que les déboires auxquels il a été confronté. :

P1000751.JPGUn des castels que Mr LESCURE construisit pour ses concubines.

« Depuis plusieurs années, je tournais toutes mes pensées et tous mes moyens vers la construction « d’une forge à Len vertu de » ce droit, « j’ai fait les établissements et avancé les travaux nécessaires, il était impossible d’y parvenir sans élever des digues et des écluses et sans retenir les eaux(…). Mes travaux étaient déjà forts avancés lorsqu’un accident est survenu à une digue que j’avais fait élever à grands frais, une source d’eau inattendue l’a minée et en a causé la rupture. Aussitôt les eaux se précipitant avec force ont inondé quelques portions de terrains marécageux(…). La suspension de mes travaux causeraient ma ruine, car j’ai déjà établi un fourneau en fusion, deux soufflets, les machines à faire mouvoir. J’ai déjà fait construire d’immenses bâtiments qui sont remplis de charbon (…), de minerai de fer, en roche et en grain. J’ai fait transporter près de 3 millions de (…) minerai de fer, « j’ai fait voiturer près de 2 mille charrettes de charbon contenus dans 1700 tonneaux placés dans mes granges. J’ai fait établir dans mon voisinage une foule de charbonniers et j’ai fait dans le pays environ six millions pesant de minerai de fer extrait ».

 

            Le site du BRAN tel que le représente le cadastre ancien de la commune de LUGOS, en 1841, s’organise en un quartier structuré par l’activité métallurgique. Juste au Nord de la retenue, un « emplacement pour le minerai de fer » forme une place rectangulaire que ceinturent les maisons des employés et du maître de Forges, ainsi qu’une « halle à charbon » . Aux côtés du haut fourneau, une seconde halle à combustible, la forge et un « magasin » regroupent en contrebas du barrage des eaux de l’étang. L’essentiel des bâtiments de production que complètent deux autres constructions dont la fonction n’est pas précisée. Une grange étable et une autre habitation s’ajoute à l’ensemble. Le paysage autour de l’étang et du quartier est dominé par un boisement de pins qui paraît étendu et ne semble être remplacé qu’à l’approche de la LEYRE et des prairies. A l’exception des alentours immédiat des maisons du BRAN bordées d’un petit champ, d’un peu de vigne, de quelques acacias et d’un petit nombre de prairies, l’omnipotence du pin se comprend par la nécessité de disposer de très grandes quantités de charbon de bois produit dans les environs, afin d’alimenter en permanence le haut-fourneau qui ne s’arrête jamais à partir du moment où son utilisation commence.

Ainsi, autour du BRAN et de la MOLE, l’activité des Forges a pour corollaire le développement de la SYLVICULTURE du pin destinée à assurer ses besoins en énergie.

 

Rajout copié sur le blog de Christian auteur de "AQUILUGOS" avec sa bénédiction:

 

Etang du Branp

 

On aperçoit, à l'arrière plan, la roue hydraulique qui servait à animer le bocard. Le bocard était un gros marteau destiné à fractionner la garluche(fragments de la grosseur d'une noix). Les bocards servaient aussi à séparer après fusion le bon grain de l'ivraie:c'est à dire la fonte qui devra être purifiée dans une deuxième fusion en cubilot et le laitier.
   
   Voici un bocard et sa roue hydraulique.

étang du Bran59497186 p

    Le bocard pouvait aussi s'appeler martinet d'où probablement le nom de l'ex-étang

étang du Bran59497380 p

A l'arrière plan du "maître fondeur" qui semble plutôt fier en la personne de notre ami Christian lui-même bien jeune, dont le métier premier était "FONDEUR", voici un cubilot servant à affiner la fonte: à la sortie du cubilot le métal en fusion est déversé dans des moules en sable pour faire: plaques d'égout, cuisinières, carters divers, robinetterie, etc...

       Je ne me souviens pas si la fonte brute du chargement venait des Forges du Bran.

TEXTE de CHRISTIAN cf son blog...













 

 

 Etang du BRAN

Partager cet article
Repost0

commentaires

C
Très intéressant reportage, avec mon mari nous venions pêcher il y a quelques années encore dans le BRAN et le MARTINET.<br /> <br /> C'est devenu une DESOLATION, quel dommage !
Répondre
R
bonjour , merci pour toutes ces infos sur ce beau site . Savez vous si l'on peut y aller en voiture sur le plan d'eau et y pécher par la même occasion?
Répondre
C
Je pense que l'on ne peut plus, les chemins sont fermés.
L
<br /> Bonjour et bravo pour la qualité de vos infos. Je suis intéressé par les platanes du Bran car je fais de l'ethnobotanique. Come leurs circonférences en font les plus gros et les plus hauts de<br /> Gironde, j'ai situé leur plantation dans la 1ère moitié du XIXe siècle...J'ai cru comprendre que leur nombre était plus  importante jusqu'à leur exploitation dans les années qui ont suivies<br /> la Snde guerre mondiale. Quand pensez-vous?<br /> <br /> <br /> Cordialement<br />
Répondre
T
<br /> <br /> Je n'ai pas l'information que vous recherchez. Voir vers le "PARC Naturel Régional" http://www.parc-landes-de-gascogne.fr/ .<br /> <br /> <br /> Merci de votre visite sur ce blog.<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le blog de
  • : Tantôt en France, tantôt en Argentine. Témoin de deux mondes d'agriculteurs. En Argentine avec les OGM et le semis direct. En France avec les contraintes imposées de toutes natures et en particulier par les écologistes. de même pour comparer les mondes politiques, les religions: entre deux mondes.
  • Contact

Recherche

Archives