Journée du 16 Septembre 2010 à LABOUHEYRE domaine de Bel Air
Témoignages :
NB: Un personnage fut complètement oublié lors de cette journée, et, qui, pourtant fut un des hommes clé de la découverte de la technique d'extraction de l'eau(forages) pour les installations d'irrigation que nous connaissons aujourd'hui, c'est FRANCIS BENNAVAIL.
Nous allons maintenant évoquer l’histoire d’une poignée d’entrepreneurs.
Maurice MARROCQ :
« Je suis né à RIOM des Landes en 1928, l’époque où la forêt était résinée presque à plein temps. Mon grand père était berger, il ne savait ni lire ni écrire, il ne parlait que gascon, n’était pas allé à l’école mais cependant, il savait parfaitement compter. Ces nouveaux agriculteurs venus du Bassin Parisien ou d’ailleurs nous intriguaient. Dans nos chaumières, on disait, ces gars là y sont un peu fous quand même, vouloir travailler ces terres, terres pauvres et sans fumier. On ne faisait pas de culture sans fumier. A bicyclette, j’allais voir aux confins de Morcenx, Solferino dans ces landes brûlées presque tout le temps, c’était une curiosité extraordinaire pour moi. Les Landais pensaient que c’était des gens pas très normaux parce que ça paraissait illogique, Ha! ce n’était pas de la terre, c’était des marécages, comment dire, ces marécages existaient avant la forêt. C’est de l’eau dans le pays sur 800 000 hectares environ. Et cette eau a énormément créé de difficultés à nos ancêtres. Ils se promenaient sur des échasses la dessus pour surveiller les troupeaux Etc. Mais c’était une rentabilité ZERO."
Henri Deprez :
"Je suis fils d’agriculteur de l’AISNE, et donc je me suis marié avec la fille de Mr Watteau en 1954 qui lui était venu dans les Landes en 50. Mon beau père avait eu un problème en 49, il avait eu un accident de voiture terrible où il avait perdu sa femme et sa fille aînée. Son autre fille a dit, il est parti en voyage en Espagne. Il a traversé les Landes. Il est rentré en disant à DANTON . "Il y a quelque chose à faire là-bas"… Il y avait eu 5 ans d’incendie. Sur 1 000 000 d’has 500 000 ont été brûlés entre 45, 48, 49. Donc il y avait des terres libres qui ne valaient rien, personne n’en voulait. De l’eau, il y avait de l’eau partout et du soleil. Il dit à DANTON, cette fois, en tous cas on devrait pouvoir faire quelque chose là-bas. Danton dit "BANCO, on y va, on va faire un tour et on devrait pouvoir acheter. »
Martine Patay :
«Mon père est originaire du SOISSONNAIS , il est né en 1904. Il était fermier, il a été prisonnier dès juillet 40. Quand il est revenu, c’est pour apprendre que le propriétaire de sa ferme reprenait pour l’exploiter. En 49, il est descendu avec Pierre WATTEAU. Avec une pelle, ils ont creusé la terre et ils se sont dit pourquoi pas. Il s’est engagé avec Pierre Watteau. »
Henri DEPREZ :
"Ils avaient acheté une propriété dans une partie où il n’y avait pas de pins. Donc, il n’y avait pas de souche, c’était des marécages Dans des communes il y avait de "pécuyères" , des propriétés communales qui faisaient 100 ou 200 mètres de large et qui servaient à mener les troupeaux jusque dans les zones où il n’ y avait rien qui poussait, c’était de la lande, il n’y avait pas de pins. Ils bouffaient de l’herbe raz."
Martine Patay :
"c’était une terre brûlée et très humide."
Robert SCHIEBER :
"C’était de la Lande, il n’y avait pas de pins, de la friche, des genets, plein d’ajoncs. Ils avaient acheté en 1950 avec Monsieur CAZY son associé, et, heureusement qu’il avait une exploitation dans le sud de l’Aisne qui marchait bien. Parce que les premières années, il est certain que c’était très très difficile. Je crois qu’il voulait se diversifier."
Maurice VANDAME :
"En 59, j’ai décidé de chercher une exploitation et je connaissais quelqu’un qui avait beaucoup de relations dans le milieu agricole, c’était un huissier, je le vois un jour et je lui dis : je voulais être propriétaire parce que mon père avait été fermier et deux fois mis dehors. Donc, je voulais absolument être propriétaire, être chez moi. Je voulais être propriétaire, des terres pas trop chers, dans une région où on puisse faire du maïs. Un jour dans la rue, je rencontre ce monsieur, Il me dit,-" j’ai ce qu’il vous faut. Une exploitation dans les Landes, c’est Monsieur VIET qui est à côté de LABOUHEYRE, et qui cherche à vendre parce que lui, il a une carrière d’extraction de gravier dans la région parisienne". Et c’est comme ça que j’ai connu les Landes. J’ai fait aussi connaissance , et c’est important, avec Monsieur DANTON, le premier qui s’est installé dans les années 50. Je me souviens , il y avait une phrase qu’il m’avait dite : « On a eu des années très difficiles, on a beaucoup souffert, mais aujourd’hui ça va bien. » Ici, le trio, c’était DANTON, DEPREZ VANDAMME. On avait les mêmes soucis, les mêmes besoins, les mêmes difficultés. Et, on faisait un bloc, si on peut dire."
Henri Deprez :
« J’ai un copain de pension qui est installé aujourd’hui à Ychoux, où il a 700 ou 800 hectares, c’est BRAZIER, c’était en 59, Il est remonté là-haut, il est allé voir mon père, (pas mon beau-père, mon père qui n’avait rien à voir avec ici) « il faut les ramener ces jeunes là, ils vont crever, ils ne vont rien foutre là dedans Ils sont dans l’eau, parce qu’il était tombé 200mm, ils sont sortis 8 jours après» Mais on a toujours eu quelque chose qui a marché. J’ai fait beaucoup d’asperges, j’ai fait beaucoup de pommes de terre primeurs, elles ont failli me faire culbuter mais, elles m’ont sauvé la vie, en 1956 j’ai fait 6 quintaux de maïs. Mais pour les pommes de terre primeurs, il n’y avait que nous avec CRESP à Labouheyre qui avions des pommes de terre en France. Un jour j’avais 10 camions semi remorques jusqu’à la route qui faisaient la queue. Un type est resté deux jours pour pouvoir partir avec des patates. »
" Le travail des pionniers a été non seulement du défrichage des terres, mais aussi du défrichage intellectuel de connaissances techniques pour mettre en place les cultures. Il faut imaginer que l’on ne connaissait rien de ces sols sableux, de leur hydraugraphie, de la culture potentielle du maïs même si on s’est adapté assez rapidement avec les contraintes de la région, les sécheresses en été et les excès d’eau en hiver."
Maurice VANDAME :
« Ce sont des problèmes qui apparaissent. L’assainissement, Danton avait fait venir des Hollandais avec une sous-soleuse et une société d’ingénierie Hollandaise habituée au sol sableux de Hollande. C’est une sous-soleuse de 300 cv qui descend à 1,20m de profondeur et passe tous les 90 cm pour éclater l’alios. On a fait des tranchées avec une pelle et cet alios ne s’est jamais reformée, il est brisé. C’est une opération définitive. Ca fait partie de l’assainissement. Ça permet à l’eau de descendre et est évacuée par les fossés, les deux vont ensemble. ».
Henri Deprez :
« Aller chercher jusqu’en Hollande et revenir avec un un Caterpillar D8 pour sous-soler. On ne savait pas si ça servirait à quelque chose. Il avait fait ça avec le génie rural, les services agricoles et le crédit agricole. Pour vous dire Danton, le boulot qu’il a fait, c’est fantastique. »
Maurice Vandame :
-« Il a passé toute sa vie à travailler, il fallait toujours qu’il invente quelque chose. C’est un homme courageux, remarquable qui cherchait toujours du nouveau. »
Martine Patay :
-« Papa était un esprit très curieux, Il pensait à l’irrigation. »
Maurice Vandame :
-« Monsieur DANTON, c’était toujours lui qui était à l’avant-garde, il avait fait un essai de drainage. Quand j’ai vu au bout d’un an que son drainage marchait bien, j’ai drainé toute mon exploitation. Et ici tout est drainé par drains enterrés et je n’ai plus un seul fossé, ça facilite le travail. ».
Henri Deprez :
-« On était arrivé à travailler proprement dans les années 60. Vraiment ça commençait à aller mieux. 1962, 6 quintaux de maïs de moyenne sur 150 hectares. Celle-là, je m’en rappellerai toute ma vie. Donc en 62, on s’est dit : -« stop c’est fini, il faut arroser ce coup là ». c’est là qu’on a démarré l’arrosage. Alors avec des petits asperseurs 24 mètres sur 24 des tuyaux sur cannes qu’il fallait déplacer deux fois par jour. On faisait venir des Espagnoles. Moi j’avais un village à côté d’ALICANTE. A peu près tout le village était ici dès le printemps pour récolter les patates primeurs et à partir de fin Juin quand les pommes de terre étaient finies, on déplaçait les petits asperseurs 24 X 24 matin et soir avec les tuyaux qu’on tirait dans les rangs de maïs. Vous vous imaginez, on a commencé comme ça. Le premier pivot, Danton 66 et moi 67. »
Martine Patay :
-« L’irrigation au départ c’était difficile donc si vous voulez. En 65 papa était parti aux ETATS UNIS avec Monsieur Gérard qui représentait VALLEY pour voir les débuts de l’irrigation par pivots."
Maurice MARROCQ-
« L’Irrigation, alors ça, ça a été quelque chose d’extraordinaire parce que là, ça donnait une assurance, une garantie. Et compte tenu des embêtements que nous avions, c’était vraiment une chance. Et finalement cet excès d’eau qui a nui à nos ancêtres, pour nous c’est devenu un trésor."
Olivier CASSOU :
-« On a un gros problème hydraulique. La Lande reçoit chaque année 1000mm d’eau, elle en évapore 500, 600, elle en évacue 250. Donc, il y a 250 mm en trop. Pour différentes questions, la Landes est un plateau et ce plateau est mal drainé. Ce qui fait que l’eau en excès ne s’évacue pas. Elle forme des marais qui gènent la végétation. Cette végétation manquante évapore encore moins que ce qu’il faudrait. Et, en été ces marais s’assèchent superficiellement et ce problème a fait que cette zone a été un désert pendant des siècles. »
à suivre....